Autonomie, Culture : Micro-Folie : quand les aînés s'évadent de leur Ehpad grâce à la culture virtuelle

De la réalité virtuelle dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Une parenthèse culturelle placée sous le signe de l'évasion, signée la Micro-Folie du Musée muséum départemental.

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Au premier plan on voit une dame de dos; cheveux assez court mais faisant quelques bouclettes en train de mettre un casque de réalité virtuelle sur une dame d'un grand âge, qui occupe le centre de la photo. Une autre paires de mains est également présente pour aider à ajuster le casque. - Agrandir l'image, fenêtre modale
La réalité virtuelle, une première pour cette dame d'un âge respectable résidente en Ehpad. ©Département des Hautes-Alpes / Stéphanie Cachinero

« Mon dieu que c'est beau. Il y a des gens partout et de la musique. Là ils sont en train de verser du vin dans des jarres. Ah, c'est déjà fini ! On peut recommencer ? ». Cet après-midi de février, Maguy, résidente de l'Ehpad Bonnedonne de Pont-du-Fossé, verra son vœu exhaussé par 4 fois grâce aux casques de réalité virtuelle de la Micro-Folie du Musée muséum départemental des Hautes-Alpes (MMD). Au programme, des grandes œuvres exposées dans les grands musées européens, des contrées lointaines, de l'histoire…

Maguy, petit bout de femme à la langue encore bien pendue, s'est ainsi offert une déambulation parmi les convives des Noces de Cana de Véronèse, a nagé avec les dauphins, observé les manchots de l'Antarctique et rencontré les Ménines en immersion dans le célèbre tableau de Velàzquez.
Lucien, lui, a préféré plonger avec les requins, comme dans son jeune âge, et rencontré les habitants de Pompéi, juste avant que le Vésuve n'entre dans une colère destructrice. « C'est formidable et très intéressant », sourit l'homme aux cheveux d'argent, encore charmeur, depuis son fauteuil roulant. Fauteuil sans lequel il serait voué à l'immobilité et sans doute l'isolement. En face de lui, Martine laisse échapper un éclat de rire sous le casque qui lui recouvre la moitié du visage. Plus discrète Simone reviendra dans le monde réel dans un « oui, c'était bien ».

Ébullition et petits miracles

Globalement, ce qu'en ont pensé Geneviève et la trentaine de résidents passés ce jour-là par le hall de l'Ehpad, devenu le temps d'un après-midi une succursale de la Micro-Folie des Hautes-Alpes ? « Génial ! ». Et Christian de ponctuer : « Comme dirait ma grand-mère, c'était comme ça », le pouce levé vers le ciel. « D'habitude, il n'y a pas autant de monde. Il y avait même des personnes de l'accueil de jour. C'est très rare que tout le monde soit ainsi mélangé », confie Magali, secrétaire comptable de la structure, dont les vitres du bureau donnent directement sur le hall.

Alors, même si tous n'ont pas pu profiter en pleine et entière conscience de l'expérience, l'ébullition était bien là, porteuse de petits miracles : « Bonjour, moi c'est Mauricette. » Une phrase toute simple qui pourtant a ému presque aux larmes Sylvie, la fille de la frêle dame au port encore altier et dont les yeux semblent contempler mille souvenirs qui s'estompent peu à peu. « Je suis vraiment étonnée et heureuse qu'elle vous ait dit comme elle s'appelle. C'est compliqué pour elle. Même si elle ne comprend plus vraiment tout ce qui se passe, de voir toute cette animation la remplit de joie ». Le sourire de Mauricette ne trompe pas.

« Plongés dans leurs souvenirs, ils revivent de belles choses »

Sandrine, ergothérapeute en Ehpad

« C'est une véritable source de stimulation pour eux. Pour certains, ça les replonge dans leur passé. Ça leur fait revivre de belles choses », se réjouit Sandrine, ergothérapeute de l'Ehpad. Et d'ajouter : « Plusieurs de nos résidents sont sensibles à l'art. Nous avons d'ailleurs déjà organisé des sorties au Musée muséum. Mais on ne peut amener que 6 résidents à la fois. Sans compter que nous sommes à une demi-heure de Gap et que le trajet les fatigue beaucoup. Avec ce genre d'évènement, on touche plus de monde. »

C'est d'ailleurs l'objet même de cette démarche. « Dans un département de montagne comme le nôtre, emmener la culture vers les publics empêchés, c'est indispensable », souligne Laetitia, médiatrice culturelle numérique du MMD et en charge de la Micro-Folie. Alors, quand Éole, en stage à l'Ehpad dans le cadre de son BTS développement et animation des territoires ruraux, a pris contact avec elle durant l'été, c'est toute une dynamique qui s'est mise en place. Avec une première, fin janvier, du côté du Champsaur. Le début d'une belle aventure où la « culture et ses bienfaits sur la santé, le moral et le mental », rappelle Laetitia, pourront maintenir la flamme de nos anciens.

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