Culture : Les secrets du blason des Hautes-Alpes dévoilés

Il doit sa création, en 1941, à Georges de Manteyer, à la tête des Archives départementales des Hautes-Alpes entre 1921 et 1934 : le blason des Hautes-Alpes. Histoire d'en savoir un peu plus, nous sommes allés faire un petit tour aux Archives départementales afin de poser quelques questions.

Publié le – Mis à jour le

Le blason est divisé en trois parties. À gauche, une croie occitane jaune sur fond rouge. À droite sur fond jaune une dauphin bleu. Sur la partie supérieure, des fleur de lys jaune sur fond bleu. - Agrandir l'image, fenêtre modale
Comté de Provence (branche de Forcalquier), Dauphiné et royaume de France, les trois composante du blason haut-alpin. ©DR

Un blason, ça sert à quoi ?

Le blason est un signe visuel efficace pour reconnaître une personne et porter aux yeux de tous son identité. Ils ont ainsi fait leur apparition aux alentours du XIIe siècle, sur les champs de bataille afin de différentier les armées des belligérants en opposition, d'où le terme armoiries.
Aujourd'hui, les seigneurs guerriers ont laissé leur place aux entités administratives de la République Française. Il n'empêche que chacune des communes haut-alpines dispose de son propre blason, tout comme la Région Provence-Alpes Côte-d'Azur et le Département des Hautes-Alpes.

La signification de celui des Hautes-Alpes ?

On peut dire qu'il s'agit d'une synthèse de l'identité et de l'histoire des Hautes-Alpes. Décryptage dans le respect des règles de l'art de l'héraldique (la science des armoiries). Commençons donc par le côté gauche (dextre en héraldique, s'agissant de la droite de l'écuyer imaginaire qui porte le blason). Sur fond rouge (« gueule »), une croix « cléchée, vidée et pommetée de douze pièces d'or » (en gros là, cela veut simplement dire que cette dernière est évidée et s'élargie à chacune de ses extrémités ornées de boules jaune). Cette croix, également connue sous le nom de croix occitane, est une évocation des comtes de Provence-Forcalquier (du Xe au XIVe siècle) qui régnaient sur un territoire occupant notamment les actuels Gapençais et Embrunais.

Passons maintenant à la partie droite (sénestre, la gauche du porteur de blason). Sur fond d'or figure un dauphin bleu (azur dans le monde de l'héraldique), car oui c'est un dauphin. Il est l'emblème des comtes d'Albon et des dauphins du Viennois (dont le dernier représentant, Humbert II, est mort en 1349). Le royaume de cette lignée (apparue au XIe siècle) s'étendait jusque dans le Gapençais. Pourquoi le dauphin (il s'agit au départ d'un surnom transmis de père en fils, devenu au fil du temps un titre équivalent à comte ou prince) ? Difficile à expliquer avec précisions, puisqu'ici les seules sources s'offrant à nous sont de l'ordre du mythe (donc sans fondement historique). Deux d'entre eux ont davantage retenu notre attention. Une première légende raconte, ainsi, qu'un dauphin aurait remonté le Rhône jusqu'à Vienne (d'où proviennent originellement les dauphins du Viennois). Une seconde nous indique que Vienne était une ancienne colonie grecque de Delphes (ville ayant dédié un temple à Apollon, dont l'animal totem est le dauphin).

Pour ce qui est des preuves tangibles témoignant des liens entre comté de Provence, Dauphiné et Hautes-Alpes, les Archives départementales en conservent au moins deux dans leurs magasins : des sceaux officiels datant de 1238 pour celui du consul d'Embrun (lointains ancêtres des conseillers municipaux) portant une croix occitane et 1395 pour celui de Jacques de Montmaur, gouverneur du Dauphiné (représentant un dauphin). On y distingue respectivement, une croix occitane et un dauphin de Viennois. Le troisième et dernier élément du blason haut-alpin ? Sa partie supérieure, « chef azur semé de fleurs de lys d'or », soit les armoiries du royaume de France. Il s'agit là d'une référence directe d'un épisode survenu en 1349. Date à laquelle Humbert II (sans héritier et aux abois pécuniaires) a vendu le Dauphiné au roi de France, Philippe VI de Valois.

Juste pour briller en société

Il y a bien une connexion entre les dauphins de France, et le Dauphiné. Et cela remonte précisément à cette fameuse année 1349. La vente du Dauphiné était sous condition : que l'héritier du trône de France (le premier fils du roi, Loi salique oblige) porte le titre de dauphin de Viennois. Un terme que l'on utilise encore de nos jours pour désigner un successeur ou prétendant à un titre (concours, sport).

Les aides et services en faveur de la culture

Ce contenu vous a-t-il été utile ?