Aménagement du territoire, Jeunesse : Le Département, clé de voûte de la sûreté des collèges

Gérer les collèges, ce n'est pas que le bâtimentaire. C'est aussi les protéger, notamment, contre les intrusions. Direction le terrain pour mieux comprendre.

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On distingue trois hommes dont un de dos au premier plan. Il porte une veste de pluie bleu marine, ses cheveux sont courts et blancs. Au second plan, une autre homme le crâne rasé et des lunettes à la monture noire visées sur le nez. Il porte une veste de montagne corail et un jean bleu foncé. Il tend le bars pour désigné le portail que l'on devine à deux pas du trio. Un peu plus vers le fond, le troisième homme, veste à manche courte bleu marine et chemise bleu plus claire. Il est brun, porte les cheveux courts. Une barbe fournie occupe le bas de son visage. Il croise les bras et porte une attention particulière à l'homme à la veste corail qui est en train de parler. Les scène se déroule dans l'enceinte d'un collège au niveau du portail d'entrée en métal blanc. Le temps est gris et pluvieux. Le bitume du sol est mouillé. - Agrandir l'image, fenêtre modale
Les référents sûreté de la police nationale (en bleu) accompagne le Département en charge de la sûreté dans les collèges. ©Département des Hautes-Alpes / Stéphanie Cachinero

Une sonnerie inquiétante s'invite dans les haut-parleurs d'un collège haut-alpin. Cerveaux aux aguets, il se passe quelque chose. Puis une voix de femme robotisée prend le relais : « Le chef d'établissement vous demande d'appliquer les dispositifs de confinement affichés dans la salle. Merci de suivre la procédure jusqu'à ce qu'il lève la mesure… ». Tout est calme. Les visages sereins.

Une quiétude sans doute liée à un message précédant : « Doum doum doum (retentissement d'un petit carillon). Ceci est un exercice. Merci de ne pas tenir compte des messages d'alerte qui suivront », avertit au micro dédié aux communications d'urgence Sacha, prestataire du Département venu vérifier les équipements du Plan particulier de mise en sûreté (PPMS). Autour de lui, dans une salle côté administration de ce collège du nord du département, le principal, la secrétaire générale d'établissement public local d'enseignement (ex gestionnaire), la CPE, 2 agents dans leur bleu de travail estampillé Département, 2 référents sûreté de la Police nationale et Christophe Guindou, gestionnaire de patrimoine du service Bâtiment. Le Monsieur sûreté des collèges depuis 2018. Date à laquelle, la menace d'intrusion a fait irruption dans ses missions. Micro OK. Sonorisation OK.

Pédagogie et sensibilisation

Ces contrôles annuels sont aussi l'occasion pour Christophe de prendre le temps d'échanger sur une thématique intrinsèquement « anxiogène » et surtout sous-estimée dans nos contrées. « Il n'est pas rare que l'on me dise que tout cela est disproportionné, qu'il ne se passe rien chez nous. L'idée est juste de faire en sorte, que, si un jour il arrive effectivement quelque chose, les établissements soient équipés de manière à pouvoir réagir. » Exit, donc, dans nos montagnes (où le cadre idyllique accentue le sentiment de vivre dans un endroit protégé), les discours portant sur une hypothétique menace terroriste. « Par contre, des parents en colère, des gestes qui dépassent la pensée, ça peut arriver n'importe où. Ça, ça parle davantage », confie Christophe. Mais il sait que le chemin vers la prise de conscience est encore long.

  • 150 000 €

    c'est le budget annuel "sûreté dans les collèges"

La preuve par l'exemple. Passage par la vie scolaire : « Bonjour ! Petite question, est-ce que vous connaissez le numéro à composer en cas d'intrusion ? Et si, l'un de vos collègues se fait agresser vous faite quoi ? » En réponse ? Au mieux, le silence. Au pire, des sarcasmes. Il est temps pour le Département d'improviser une séance d'information et de sensibilisation. Même si dans les textes, la mise en application du PPMS relève du chef d'établissement.

Éducation nationale, forces de l'ordre et Département, main dans la main

Mais la sûreté ne se résume pas qu'à ce plan, par ailleurs spécifique à chaque collège. Beaucoup plus large, « elle englobe aussi le contrôle d'accès, la périmétrie (en gros les clôtures) et la vidéo protection. Afin d'assurer le meilleur niveau d'équipement des collèges, le Département flèche un budget de 150 000 € par an. En termes d'investissements de départ, la sonorisation spécifique au PPMS représente une somme de 25 000 € par établissement. Aujourd'hui, ne reste plus que Guillestre, par ailleurs sur le point de faire l'objet d'une importante opération de réhabilitation.

Mais erroné serait de croire que le Département fait ce que bon lui semble en la matière. Tous les 3 ans, l'Académie d'Aix-Marseille organise des diagnostics de sécurité et de mise en sûreté auquel la collectivité participe ainsi que les référents sûreté de la police nationale et de la gendarmerie. Ce document permet de brosser un tableau très détaillé de l'environnement de chaque établissement, de ses problématiques sociales et sociétales… Et marque noir sur blanc les préconisations de l'Éducation nationale, qu'il s'agisse de l'installation de systèmes de vidéoprotection*, de demandes pour rehausser certains grillages, etc. « Cela sert de fil conducteur à la collectivité », nous explique-t-on en faisant le tour du collège, en compagnie du référent départemental sûreté de la police nationale et de son collègue intervenant plus spécifiquement dans le nord du département.

L'occasion de préparer l'une de ces visites qui aura lieu quelques jours plus tard. Là, la problématique, c'est de sécuriser les flux au niveau du portail. Un échange s'engage. Des solutions émergent. Elles seront présentées et discutées d'un commun accord avec l'Éducation nationale. Comme toujours.


*Les extérieurs de 8 collèges, sur les 11 dont le Département a la charge, sont équipés de 88 caméras au total. Prix de revient, 1 200 € par caméra.

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