Autonomie : Le grand âge, défi d'aujourd'hui et de demain

Les Français toujours plus vieux. Une réalité qui n’épargne pas les Hautes-Alpes. Face à ce défi, le Département ne ménage pas ses efforts pour le « bien vieillir ».

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Gros plan sur deux paire de mains qui se tiennent. L'image laisse suggérer que deux personnes sont assises l'un en face de l'autre et se tiennent les mains. On imagine aussi qu'il s'agit d'une personne plus jeune et l'autre plus âgée. La photo est prise depuis le point de vue de la personne la plus jeune. En face la dame au mains d'un certain âge porte un pull jaune pâle et un pantalon gris. - Agrandir l'image, fenêtre modale
Focus sur les métiers du soin et de l'accompagnement. ©Istock

Déjà en 2021, « ce péril vieux qui angoisse les grandes puissances » faisait les gros titres des journaux à l'image du très sérieux Les Échos. Janvier 2024, le président de la République, Emmanuel Macron, militait pour le « réarmement démographique » de la France. Février 2024, le Sénat adoptait en première lecture la proposition de loi (déposée en décembre 2022 et votée en novembre 2023 par les députés) relative au bien vieillir.
Le grand âge fait plus que jamais parler de lui. Y compris dans les Départements, premiers acteurs en la matière dans les territoires. Au titre de l'Allocation personnalisée autonomie (Apa), de l'aide sociale dont bénéficient par ailleurs nos aînés, du soutien apporté aux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) mais également aux service d'aide et d'accompagnement à domicile. Et la liste est encore longue. Cette année, le grand âge pèse la bagatelle de 22 M€ sur le budget social du Département (soit près de 10 %).

Une manne conséquente qui se concentre sur quatre leviers :
  • 1) La prévention qui repose notamment sur le financement de projets allant du bien manger, en passant par des ateliers de sophrologie, ou encore l'organisation d'animations à destination des anciens. « L'idée est d'anticiper au maximum les risques liés à la perte d'autonomie », résume Marie Lauze, directrice générale adjointe (DGA) à la tête du pôle Cohésion sociale et solidarités. En 2023, 47 projets ont ainsi été soutenus, pour un budget global de 300 800 €. Montant octroyé par la Conférence des financeurs que pilote le Département et à laquelle participent l'Agence régionale de santé (ARS), la Carsat, l'Association des maires de France… En 2024, 60, pour une enveloppe de 325 280 €.
  1. 2) L'adaptation des logements et l'aide à domicile afin de permettre aux personnes âgées de rester chez elle le plus longtemps possible. « C'est ce que les gens veulent », constate la DGA. Cela recouvre aussi bien l'intervention de professionnels qualifiés (voir article sur les métiers du soin et de l'accompagnement), que l'aménagement du domicile, en fonction du degré de dépendance de la personne aidée.
  • 3) L'habitat alternatif, hébergement transitoire entre le domicile et le placement en établissement. Cette option s'adresse aux personnes ne pouvant plus rester à demeure car trop dépendantes. Mais ne souhaitant pas, pour autant, aller en établissement dans l'immédiat. Il peut s'agir là de l'accueil familial ou d'habitats inclusifs, lieux de vie partagée organisés autour d'un projet collectif porté, par exemple, par une association spécialisée (Flash Infos de septembre 2022).

    Deux dispositifs pour lesquels le Département entend accroitre son soutien afin de voir leur nombre grandir, histoire de répondre à une demande, toujours à la hausse.
  • 4) Les Ehpad, afin d'accompagner les établissements les plus fragilisés économiquement parlant et dans le but de ne pas alourdir la facture des résidents, le Département a voté une enveloppe exceptionnelle de 500 000 € en 2024.

Le grand âge en chiffres dans les Hautes-Alpes

  • 35 % des Haut-Alpins avaient plus de 65 ans en 2022. Un chiffre qui, selon les prospectives, atteindra 43 % en 2035 et 46 % en 2050 (+31 % par rapport à 2022).

    35 %
  • 17 % des Haut-Alpins auront plus de 80 ans en 2050, contre 8 % en 2022, ce qui représente hausse considérable de 113 %.

    17 %
  • 3 907

    Haut-Alpins bénéficiaient, en 2023, de l'Allocation personnalisée autonomie. 2 651 à domicile (70 % des bénéficiaires ont +de 80 ans), 1256 en établissement( 80% des bénéficiaires ont plus de 80 ans). Chiffre qui s'élève à 4 143 en ajoutant l'aide sociale octroyée, par ailleurs, aux personnes âgées.

  • 22M€

    C'est le budget alloué au grand âge par le Département en 2024


Porter un autre regard sur la vieillesse

L'agence territoriale de cohésion sociale Gap Durance vous donne rendez-vous jeudi 14 mars à la Cinémathèque de montagne, à Gap, pour porter « un autre regard sur la vieillesse ».

« Je ne suis pas que ça », sous-entendu une personne qui n'est plus celle qu'elle a été, une personne en proie à la maladie, la perte d'autonomie. Mais une personne à part entière, dont la flamme vitale, même si elle brille avec moins d’intensité, continue de danser. C'est le message que les équipes de l'Agence territoriale de cohésion sociale Gap Durance ont à cœur de faire passer lors de la journée « Un autre regard sur la vieillesse » organisée, en partenariat avec Malakoff Humanis, jeudi 14 mars, depuis la Cinémathèque de montagne, à Gap. Les grands sommets laisseront alors place au grand âge.

Pourquoi ce lieu ? Parce qu'on ne s'attend pas à y trouver référents autonomie, médecins et autres agents du Département œuvrant au quotidien pour donner la possibilité à nos aînés de rester le plus longtemps possible dans leur chez eux. Mais si on y réfléchit bien, le lien est tout ce qu'il y a de plus naturel : la Cinémathèque abrite le passé de nos montagnes. Et durant une journée celui de nos aînés y sera plus que jamais présent. Un présent dont les couleurs tirent sur le pastel. Jusqu'à faire du temps qui passe en une chose angoissante, effrayante.

« Faire évoluer les mentalités sur une situation (la vieillesse) difficile à accepter par ceux qui la vivent », détaillent les agents

Coralie, conseillère mission vulnérabilité, et Céline, référente autonomie

L'idée est de montrer que la vieillesse « ne se réduit pas » à la dépendance, la douleur, la vie qui s'étiole. Et de « faire évoluer les mentalités sur une situation (la vieillesse) difficile à accepter par ceux qui la vivent », détaillent les agents. Le public visé ? « D'abord les professionnels, qui, confrontés à des rythmes effrénés restent souvent focus sur les soins qu'ils prodiguent, au point, parfois, de passer à côté de la personne âgée dans ce qu'elle est et a été. Il nous semblait aussi essentiel d’aborder la vieillesse dans une acception plus large et d’apporter des clés de compréhension. Raison pour laquelle figure un sociologue parmi les intervenants », soulignent Coralie, conseillère mission vulnérabilité, et Céline, référente autonomie, ayant participé à l'élaboration de cette journée pas comme les autres. « En parallèle, notre volonté est de valoriser l'importance du travail des professionnels dans le domaine de l'autonomie ». Notamment par le biais d'une représentation théâtrale ouverte au grand public, cette fois-ci. Le grand âge peut tous nous concerner, sans que nous en ayons conscience.

À l'origine de cet événement ? Juliette*, 92 ans. Formatrice dans son jeune temps, dans le domaine de la vieillesse, elle a toujours eu à cœur de partager ses connaissances et son propre vécu. Si sa santé lui permet, elle viendra d'ailleurs témoigner sur scène .

*Prénom d'emprunt


Redorer le blason des métiers du soin et de l'accompagnement

Du 15 au 20 avril, le Département et ses partenaires déclineront la semaine des métiers du soin et de l'accompagnement dans les Hautes-Alpes (Briançonnais, Gap, Embrunais/Queyras, Buëch/Dévoluy, Serrois/Laragnais et Champsaur/Valgaudemar). Cinq jours pour allumer les spotlights sur des jobs essentiels, et qui le seront encore davantage dans les années avenir, mais qui peinent à séduire.

Les choses bougent pourtant : « Les formations ont tendance à mieux se remplir cette année. Ce qui est un vrai enjeu, car faute de candidats suffisants, elles ne peuvent pas ouvrir », explique Virginie, chargée de mission contractualisation et démographie médicale, l'une des chevilles ouvrières dans l'organisation. Il semblerait que le serpent ne soit plus enclin à se mordre la queue grâce aux graines semées lors de la semaine de l'an passé. Graines qui commencent à germer puisque que parmi les nouveaux aspirants à ces nobles métiers figurent des curieux venus assister, l'année dernière, à la démonstration d'une formation aux métiers du soin et de l'accompagnement en « comodalité ». Le principe? Des cours en présentiel auxquels il est possible de participer en… distanciel. « La mobilité est un vrai frein ainsi levé », souligne Virginie. Oui mais après ? « Cela laisse du temps à la personne de trouver une solution avec, par exemple, son conseiller emploi ou insertion », détaille Virginie. OK, ça fait sens.

Un lien humain entre les générations

Cette année encore, de nouvelles graines seront semées et peut être même de nouvelles vocations suscitées : « Nous allons cibler les collèges, lycées, missions locales et publics en insertion », détaille la chargée de mission. Côté programme ? Des choses inattendues, détonantes. À l'image de cet escape game sur la thématique du service à la personne, l'application d'exploration GoeGuessr grâce à laquelle des jeunes partiront à la découverte du passé de nos aînés, guidés par ces derniers depuis différents Ehpad. De quoi nouer un lien humain entre les générations. Celle de potentiel futurs pro et de personnes ayant besoin de leur aide, au moment d'embrasser le crépuscule de leur vie.


Les aides et services en faveur de l'autonomie

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