Autonomie, Culture : Le Musée muséum départemental au bout des doigts

Le Musée muséum départemental poursuit son chemin vers l'accessibilité. En partenariat avec l'association Alpes Regards, une quinzaine d'aveugles et malvoyants ont découvert le musée… avec tact.

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Au premier plan, une jeune femme voyante guide la main d'une personne aveugle sur une feuille représentant la statue de Léda et Zeus en forme de signe. Statue qui se retrouve au deuxième plan au centre de la photo. - Agrandir l'image, fenêtre modale
Découvrir l’une des célèbres statues signées Jean-Esprit Marcellin du bout des doigts grâce à la technique du thermo gonflage. ©Stéphanie Cachinero / Département des Hautes-Alpes

« -Tu sens la femme en lévitation au milieu du tableau ? -Ah oui, oui. Ce sont ses jambes là. » Alors que Camille Noize, responsable du développement des publics, décrit jusqu’à l’expression du regard des femmes en pleur sur cet imposant tableau signé d’un peintre allemand du XIXe siècle, La désolation des Océanides au pied du roc où Prométhée est enchaîné, Élisabeth, très malvoyante découvre ce grand classique du Musée muséum départemental, de la pulpe des doigts, sur une reproduction thermo gonflée.

Ce jour-là, ils étaient une quinzaine, comme elle, à percevoir le monde différemment. Pour les accompagner et les guider, une poignée de « voyants ». Tous appartiennent à l’association Alpes Regards (110 adhérents, dont 50 % de mal ou non-voyants), présidée par Maryline Alix, pianiste aveugle de naissance. Quelques semaines en arrière, avec son mari malvoyant, Jean-Renaud, elle prenait contact avec Camille, désireuse d’ouvrir encore davantage le musée aux publics en situation de handicap.

Des fac-similés pour toucher

Son challenge, partager ses connaissances en adaptant le mieux possible son intervention à ses visiteurs. Son choix pour l’occasion ? Des œuvres construites de façon claire et à forts contrastes reproductibles via thermo gonflage (donc avec du relief). Des fac-similés de pièces exposées au musée. De quoi rendre au maximum palpable cette visite pas comme les autres. « J’espère que la prochaine fois, je pourrai vous faire toucher encore davantage d’œuvres. En tout cas, nous y travaillons », leur confie Camille. « C’est vrai que c’est le principal biais par lequel nous pouvons accéder à ce qui nous entoure », confirme Élisabeth. Mais pas facile de composer avec les nombreuses contraintes liées à la conservation.

« Ce type de visites se développe un peu partout au niveau national. C’est très bien que cela arrive aussi dans nos montagnes. »

Maryline Alix, présidente d’Alpes Regard 05

Si le toucher revêt un enjeu capital lorsque l’on est privés de la vue, ne serait-ce que partiellement. L’imaginaire n’est pas en reste. Raison pour laquelle Camille accompagne ses commentaires de descriptions poussées. « Cela nous permet de nous construire une image mentale de ce qui nous est présenté », sourit Maryline.

Une chose est sûre, sans cette visite sensorielle, Danièle n’aurait jamais franchi les portes du musée. Une première que partage Jean-Renaud, « cela m’a vraiment donné envie de revenir et d’en découvrir encore davantage. En tout cas, c’est un très bon début ».
Avant de rappeler, que « l’accessibilité est un plus pour tout le monde ». Et Marilyne de rebondir : « Ce type de visites se développe un peu partout au niveau national. C’est très bien que cela arrive aussi dans nos montagnes. »

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