Routes et mobilités : Zoom sur : le laboratoire routier départemental

Ils sillonnent les routes du Département, de chantiers en travaux. Contrôlent l’enrobé sur lequel fileront les usagers, le béton qui s'invite dans nos ouvrages d'art, la portance d'une future route… Rencontre avec les agents du laboratoire routier départemental.

Publié le – Mis à jour le

Agrandir l'image, fenêtre modale
©Stéphanie Cachinero – Département des Hautes-Alpes

«Alors ça donne quoi ? », lance un conducteur d’engin depuis la cabine de son rouleau compresseur. Un salarié du prestataire qui redonne un coup de jeune à la RD 1075, à la sortie de Laragne, pour le compte du Département. « C’est tout bon ! », lui rétorque, sourire aux lèvres, Lionel Givaudan, technicien du laboratoire routier départemental. Sur l’enrobé noir corbeau frémissant, la tenue jaune fluo et bleu électrique de l’agent attire l’œil. Sous un soleil de plomb de la mi-juin, il s’aventure sur cette portion habillée de sa nouvelle couche de roulement. Dans le seau qui l’accompagne, une boîte remplie d’une poudre blanche faite d’infimes billes de verre, un petit cylindre doseur couleur cuivre, un palet faisant penser à ceux des salles de jeux d’arcade et un réglet tout ce qu’il y a de plus classique. Des « instruments répondant aux dernières normes françaises et européennes », précise-t-il. Tout comme sa méthode : remplir le cylindre de billes, déverser son contenu sur la chaussée, étaler le monticule en rond palet en main, mesurer le diamètre. Répéter l’opération à intervalles réguliers. « Plus le rond est gros, plus l’enrobé est fermé », commente Lionel en pleine action. Dans l’excès, il favorise les aquaplanings en cas de pluie. Trop ouvert, l’adhérence sera insuffisante. Le nom de code de sa manœuvre PMT ou « mesurage de la profondeur de macrotexture », selon la norme française établie en septembre 2010.

Des sacs de poulet

Après avoir consigné toutes ses mesures, l’agent se lance dans la phase 2 de sa visite : contrôle de fabrication de l’enrobé en train d’être mis en place. « Le camion de livraison est bien bâché. Dans le cas contraire l’enrobé refroidit. Si ça arrive, ce qui est très rare, on ne se pose pas de question », explique le laborantin : retour à l’envoyeur. Contrôle visuel OK. Reste à prélever la fameuse matière noire. C’est au niveau du finisseur que ça se passe. L’imposante machine libère et répand au centimètre près ces gravillons enduits de bitume.
Alors que l’engin avance lentement, Lionel procède à la collecte, petite pelle métallique en main. Encore fumant, le prélèvement est soigneusement entreposé dans un sachet, à l’origine destiné à accueillir des… poulets rôtis. Un peu incongru mais ultra résistant aux hautes températures. Température qui sera, elle aussi, passée en revue. Lionel se saisi alors de sa sonde qu’il plonge dans l’enrobé. 147°C : parfait.
Le temps de saluer ceux qui commencent à bien connaître l’agent à force de visites de terrain et départ pour Gap, direction le labo routier. Là, Pierre Rolland, à la tête de la structure, prend le relais. Entre temps, l’enrobé a eu le temps de devenir dur et compact. Passage au micro-ondes pendant un bon quart d’heure. Le contenu du sachet de poulet est déversé dans un bac en métal, homogénéisé.
Environ un kilo rejoint une colonne de tamis en métal, sortie d’une étuve à 110°C. Pierre place ensuite la colonne dans une machine. Et c’est parti pour 35 minutes de lavage au « perchlo », perchloroéthylène, histoire de débarrasser l’enrobé de son bitume. Puis 20 minutes de séchage, entrecoupées de phases de secouage intense afin de tamiser le tout. À chaque grosseur de gravillon (de 12,5 mm à 0,063 mm) son étage. Dix au total. Retour à l’étuve une bonne demi-heure. Puis place à la pesée, tamis par tamis. Une nouvelle fois tout est consciencieusement consigné et comparé aux exigences du cahier des clauses techniques particulières. Tout est OK. Résultats sont envoyés à l’Antenne technique concernée.

Conseils d’expert

Pendant ce temps, une espèce de détonation se fait entendre. Lionel est en train de tester la résistance sous presse mécanique « d’éprouvettes » de béton, coulées quelque temps plus tôt en direct du chantier de la Marionnaise. Là aussi, RAS. Tout est conforme. Le lendemain, l’agent sera dépêché sur un chantier à Gap. Sa mission ? Mesurer la portance d’un terrassement destiné à recevoir une nouvelle route.
Coup de téléphone. Au bout du fil, le service Ingénierie routière et grands travaux olympiques (SIRGTO) demande conseil au labo sur un chantier dont, là aussi, il est question de portance. « Pour nous la solution cloutée donne de bons résultats. Si l’entreprise veut tester autre chose, il faut absolument qu’on contrôle derrière », prévient Pierre. Un bon quart d’heure plus tard, fin de l’échange. Le SIRGTO a tranché à l’aune des remarques du responsable du labo, qui, entre deux tests (étanchéité de nos ouvrages d’art via caméra thermique, contrôle d’enduit, d’enrobés à froid, des sols…) se rend toujours disponible pour ses collègues.  

Les aides et services en faveur des routes et de la mobilité