Enfance et famille, Jeunesse : Un phare vers l’âge adulte pour les jeunes de l’Ase

Une petite année d'existence et déjà un beau bout de chemin parcouru avec l'appui du Département. Rendez-vous entre les murs de l'Adepape, association où des anciens de l'Aide sociale à l'enfance sont là en soutien, en grands frères et sœurs, en oreilles attentives, pour les plus jeunes qui vivent les mêmes épreuves.

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©Adepape 05

«Quand on est un enfant de l’Aide sociale à l’enfance, ça peut vraiment être difficile à vivre. Ce qu’on veut, c’est apporter notre pierre à l’édifice. » Pas de colère ni l’envie de prendre une revanche. Juste la nécessité de rappeler une évidence, simple, factuelle. Quand Maëva Pipard, coordinatrice de l’Adepape 05 (Association d’entraide pour les personnes accueillies en protection de l’enfance), parle, elle captive. Voix posée, regard vairon déterminé et une maturité désarmante malgré son jeune âge. Sur son parcours, elle ne s’étend pas. Sans doute semé d’embûches. Assez, en tout cas, pour la conduire à faire l’expérience de l’Aide sociale à l’enfance, à devenir une enfant confiée au Département. Et, aussi, à se confronter à un passage à la majorité trop abrupt. À ce propos, tout le monde en convient, il y a un trou dans la raquette en France. Alors, quand l’Adepape a voulu créer une antenne dans nos montagnes, le Département des Hautes-Alpes a répondu présent sans hésiter*. C’était il y a un an.

Depuis, Maëva a multiplié les initiatives (recherche de subventions, mise en place de partenariats, mobilisation de bienfaiteurs, organisation de collectes de produits d’hygiène à destination de jeunes de l’Ase en précarité…). Et les interventions, y compris au sein de l’observatoire départemental de la protection de l’enfance.

Son cheval de bataille ? Lutter contre l’étiquette qui colle à la peau de l’Ase (délinquance, prostitution…). « Oui, lâchés par le système, certains d’entre nous sont tombés là-dedans, ne nie pas Maëva. Mais nous sommes aussi autre chose. » Elle en est la preuve vivante : peu de monde peut se targuer à tout juste 21 ans de représenter une structure (l’Adapape nationale) jusqu’à Matignon.

C’est vrai que les jeunes de l’Ase ont vécu des histoires familiales compliquées, jusqu’à être extirpés de leur foyer quand plus aucun autre choix ne s’avèrait possible. « On ne se retrouve pas dans un parcours Ase par envie, par choix », rappelle la coordinatrice. Une vie teintée de couleurs souvent loin du rose. Quel que soit le professionnalisme des éducateurs et autres référents, « tant qu’on ne le vit pas, on ne peut pas se rendre compte », confie Arianny, 22 ans, secrétaire générale de l’Adepape 05. « Le pire qu’on puisse nous dire c’est, ”fais preuve de résilience, il y a pire que ton cas” », se désolent les jeunes femmes. Mais, elles, elles savent, elles l’ont vécu dans leur chair, leurs émotions. D’ailleurs, qui mieux que quelqu’un qui est passé par là pour savoir quelles démarches entreprendre, pour ressentir l’angoisse que suscite ce dernier bilan avant la majorité, le mal-être qui peut traverser un jeune en foyer, la colère qui peut naître d’un parcours de vie difficile « alors qu’on n’a rien demandé »…
Ce n’est pas pour rien que l’Adepape a été reconnue d’utilité publique et que le Département a fait le choix de marcher à ses côtés pour que les jeunes dont il a la responsabilité puissent construire leur vie d’adulte avec les meilleures chances.
Pour contacter l’Adepape : 06 68 48 26 94


*25 % des personnes sans domicile fixe sont passées par l’Ase. **Le Département a soutenu le lancement de l’association (25 000 €) dans la perspective d’une aide annuelle de 50 000 €.

Stéphanie Cachinero

Les aides et services en faveur de l’enfance et de la famille