Culture, Hautes-Alpes Le Mag: Bibliothèque départementale : des actions pour tous, à la carte

Mai 2024, Agathe Frochot, conservatrice à la tête du Musée muséum départemental (MMD) reçoit un mail qui allait la conduire dans une aventure inattendue. Trois mois plus tard, elle prenait sa plus belle plume pour écrire à Madame Chen Liping, veuve de l’artiste chinois He Yifu. Un nom resté gravé dans la mémoire des agents qui officiaient déjà dans les allées du musée en 2010.
Cette année-là, les Haut-Alpins découvraient la délicatesse des aquarelles du peintre, formé dans la plus pure tradition chinoise par les grands maîtres de l’Empire du milieu. De quoi affiner une sensibilité qui reflète un rapport à la montagne plusieurs fois millénaire. Un rapport faisant des sommets des lieux sacrés propices à la contemplation, la méditation et la sérénité. Une vision qui n’a pas laissé insensible Agathe qui a dû trouver les mots pour convaincre la veuve de l’artiste de faire confiance au Musée muséum départemental des Hautes-Alpes (MMD).
Car initialement, ces aquarelles n’étaient destinées qu’au Musée des Beaux-Arts de Rennes. Ville où He Yifu s’est établi dans les années 1990. Ville où il a expiré son dernier souffle. Ville où il donnait des cours au sein de l’association Encre de Chine, qui a aussi joué une part importante dans cette donation. Une ville devenue la deuxième patrie de He Yifi et où il pouvait laisser libre court à ses influences occidentales, empruntes d’impressionnisme à la Monet.
Les mots d’Agathe on su faire mouche. Courant avril, 41 aquarelles de l’artiste chinois font officiellement leur entrée au MMD. Parmi les paysages couchés sur papier de riz : Mont-Dauphin, la Meije, Saint-Véran. Et plus généralement tout l’Arc alpin. Plus de la moitié de ces oeuvres seront à découvrir à partir du 27 juin dans l’expo « He Yifu, d’encre, d’eau et de montagne ». Une invitation « à porter un nouveau regard sur la montagne, plus spirituel et représentatif de la perception asiatique, qui engage à ralentir. Le tout avec humilité et respect. De quoi trancher avec notre vision occidentale, née au XIXe siècle, où la montagne résonne avec dépassement de soi, performance, course aux pics les plus hauts », confie Agathe.
Une fois les cimaises de l’exposition décrochées, les aquarelles de He Yifu poursuivront leur vie, sans doute au travers de prêts du MMD à d’autres musées alpins. Et peut-être que les Beaux-Arts bretons voudront-ils bien nous faire l’honneur, le temps d’une parenthèse, de leur aquarelle représentant cette vue panoramique du Lautaret.