Sports : Caroline Martz : montrer que le sport est accessible à tous

Après avoir beaucoup fait parler de lui l’été dernier avec « La traversée des Hautes-Alpes », une épopée de cinq jours qui a réuni 34 sportifs et sportives en situation de handicap mental et psychique, le CDSA 05 a remis le couvert cette année avec « Dragons des Écrins ». En quoi a consisté ce nouveau projet ?

Caroline Martz : L’idée est venue de Régis, un sportif que nous accompagnons. Depuis sa prise en charge aux Ateliers de l’Aujour, il y a quelques années, il travaille le bois et confectionne notamment des dessous-de-plat. Après en avoir remis un, en 2022, au prince Albert II de Monaco, il a voulu faire de même à différents refuges du massif des Écrins, car la montagne tient une place importante dans sa vie. En réfléchissant ensemble, nous avons écrit ce projet de randonnée passant par les refuges et mixant les publics : 25 sportifs et 25 accompagnants, des enfants et des adultes, des personnes avec ou sans handicap mental et psychique.

Comment cela s’est-il passé ?

Caroline Martz : Nous sommes partis le 16 juin de Villar-Loubière jusqu’au refuge des Souffles. Puis, chaque jour, jusqu’au 22 juin, nous avons marché pour en rejoindre les refuges Olan, Xavier-Blanc, Pigeonnier, Gioberney et Vallonpierre. Certains sportifs ont participé au programme complet, d’autres à une partie seulement, selon leurs capacités. C’était un vrai défi physique, auquel nous les avons entraînés. Ils ont tous suivi une préparation dès le mois d’octobre dernier, combinant randonnée, course, vélo, escalade, yoga… Ces moments ont en plus permis de créer de la cohésion dans le groupe. Cela fait partie des objectifs de nos projets, qui ont, plus globalement, pour but de lutter contre l’individualisme et l’isolement de nos sportifs.

Quel a été le point d’orgue de cette semaine ?

Caroline Martz : Je dirais la journée du 20 juin avec « La montagne pour tous », qui a été, en quelque sorte, un projet dans le projet ! Le but était de montrer que la montagne est accessible à tous les publics et que les personnes en situation de handicap mental et psychique ne doivent pas s’en sentir exclues. Onavait pour cela planifié diverses activités sportives : randonnée Joëlette (randonnée en fauteuil roulant), atelier de motricité autour de l’escalade, mais aussi des ateliers sur les alpages, la faune et la flore, de la peinture, du yoga… Ç’a été une belle réussite.

Ce projet illustre, finalement, ce que fait le CDSA 05 tout au long de l’année…

Caroline Martz : Oui, car en même temps que nous organisons ce type d’événement d’envergure, nous accompagnons les personnes en situation de handicap mental ou psychique qui souhaitent pratiquer un sport adapté. Nous les recevons, écoutons leur envie et motivation et les orientons vers l’une des nombreuses activités disponibles dans les Hautes-Alpes (zumba, badminton, escalade, VTT, athlétisme, natation, ski…).

Proposer un accompagnement aux personnes quels que soient le degré et la forme de leur différence.

À cela s’ajoute tout un volet de promotion et de développement de l’accès aux activités physiques sportives et de loisirs pour tous…

Caroline Martz : Exactement. On contacte les clubs du milieu « ordinaire » pour favoriser la rencontre avec nos publics. Il n’y a rien de mieux pour que les idées reçues de part et d’autre tombent. Le Département est également moteur sur ce sujet. Il a lancé l’année dernière la démarche « Clubs inclusifs », pour accompagner les clubs sportifs dans leur projet d’accueil de pratiquants en situation de handicap, et ainsi créer un maillage de clubs accueillants. Il porte aussi le projet RDSI (ndlr : réponse départementale pour le sport Inclusif, une convention réunissant un large panel d’acteurs), qui consiste à proposer un accompagnement 100 % personnalisé à des personnes en situation de handicap dans la pratique du sport de leur choix, quels que soient le degré et la forme de leur différence.

Les choses avancent-elles dans le bon sens dans les Hautes-Alpes ?

Caroline Martz : On compte aujourd’hui 2 clubs de sport adapté dans le département, Nouvel Envol 05 et Hautes-Alpes Sport Adapté Culture, auxquels s’ajoutent 8 clubs ordinaires, qui ont créé une ou plusieurs sections de sport adapté. La situation s’améliore donc, même s’il reste encore beaucoup à faire.

*NB : Sport adapté et handisport ne désignent pas la même pratique. Le sport adapté englobe le handicap mental et psychique ainsi que les troubles du comportement. Le handisport concerne, lui, les personnes en situation de handicap moteur ou sensoriel (visuel ou auditif ).