Ils ont rouvert les portes du Tunnel du Galibier

Une fois la route conduisant vers le sommet du Galibier redevenue noire, reste encore une phase réclamant plusieurs jours de travail : la remise en fonctionnement du tunnel reliant les Hautes-Alpes à la Savoie.

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On les voit presque partout, ces images de drone survolant le Galibier à la poursuite de ces monstres de métal : une dameuse flirtant avec la pente, une fraise relâchant son panache de neige. Une image d'Épinal au cœur des Alpes. Pourtant rouvrir la route entre les Hautes-Alpes et la Savoie ne se résume pas à déblayer la route. Il est une opération plus discrète mais tout aussi essentielle. La remise en fonctionnement du tunnel reliant les terres haut-alpines à leurs voisines savoyardes.

C'est là qu'entre en action la cellule de maintenance des équipements dynamiques. Au planning de Cédric Constans, le responsable, et Sébastien Furone, l'un de ses techniciens, trois jours à 2 555 mètres d'altitude pour sortir de sa torpeur l'ouvrage à voie unique long de 365 mètres.

Tout commence un matin de la fin mai. 7 h 30, au volant d'une camionnette sur laquelle repose une nacelle capable de chatouiller les parties les plus élevées du tunnel, Cédric fait une halte au Centre technique (CT) du Monêtier-les-Bains. Sébastien est déjà là. Dans un ballet d'allées et venues, ils chargent du matériel, des feux tricolores flambant neufs, les caméras qu'ils sont venus démonter quelques mois plus tôt à l'approche de l'hiver, juste avant la fermeture de la route, la RD 902. Il y a aussi une antenne wifi et pas mal d'attirail électronique. Matos OK.

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Direction l'entrée sud du tunnel, côté haut-alpin. Plus on approche, plus les résidus de neige se font présents. Rencontre avec les collègues des Routes du CT monetièrin. Depuis le 9 mai, ils s'affairent pour ouvrir la voie jusqu'à la construction aux imposantes portes en bois. Job done, terminé la veille. Leur reste encore à déneiger « la déviation », celle surplombant le tunnel.

Bref, le petit convoi grimpe. Sur le bord de la route, les marmottes sont là, à peine réveillées. Le calme avant la déferlante de touristes, de cyclistes et de motards. Le prix à payer lorsqu'on élit domicile sur l'un des plus mythiques cols haut-alpins.

Poste d'appel d'urgence réactivés, testés dans la foulée

Destination atteinte. « La frontière avec la Savoie se situe à peu près au milieu du tunnel », sourit Cédric. Mais avec Sébastien, ils se chargeront de l'intégralité des installations : pause de nouveaux feux tricolores de part et d'autre du tunnel, réactivation du courant électrique, remise en place des composants électroniques indispensables à la communication (connexion wifi, ligne téléphonique...).

Cédric et Sébastien poussent jusqu'au côté savoyard pour voir. Là, les équipements sont encore en hibernation, protégés par de solides caissons en métal. Les agents des Routes les ont dégagés du plus gros de leur prison de glace et de neige. Mais quelques amas font de la résistance. Les « ED », comme on les appelle entre collègues, s'arment d'une pelle et d'une pioche pour finir le travail. Les agents des Routes finiront par prendre leur suite.

Retour côté sud. En quelque heures, les équipements reprennent vie. La coordination des feux régulant la circulation est reparamétrée.

Les postes d'appel d'urgence (PAU) sont réactivés et testés dans la foulée. Un « gendarmerie, j'écoute », s'échappe de l'interphone à l'orange presque iconique. « Normalement, lorsqu'ils reçoivent l'appel, ils sont censés savoir que cela provient d'un PAU. Ils doivent patienter un peu avant de pouvoir nous entendre », explique Sébastien en aparté. « Vous m'entendez ? Allô, allô, rapprochez-vous du micro, allô, allô ». Les secondes semblent interminables. Et Finalement : « - Oui je vous entends, depuis le début. Et vous ? - Oui c'est bon. -Je suis du Département, on remet en marche le tunnel et procédons à des tests. -On vous reçoit, tout est OK ». L'opération aura été un peu plus laborieuse du côté savoyard (les forces de l'ordre raccrochant avant que la liaison soit opérationnelle). Au point de forcer ne Sébastien à dégainer un étrange petit téléphone bleu afin d'établir une communication directe avec les secours et de leur rappeler la procédure. Il en va de la sécurité des usagers. D'autant plus en zone dite blanche.

Sans sommation, le temps tourne au vinaigre, de la pluie glacée mêlée de neige, du vent, des températures qui dégringolent. La montagne devient d'un coup plus hostile et les conditions de travail plus difficiles. 17 h 30, les missions du jour sont accomplies. Programme du lendemain, arrimage des extincteurs et batterie de tests complémentaires. Le droit à l'erreur n'est pas permis et le temps presse. Le surlendemain, l'endroit sera rendu aux automobilistes (les piétons et cyclistes y sont interdits) en milieu d'après-midi, comme prévu.