Route du Gioberney, une reconstruction sur le fil
La route vers le Gioberney a rouvert fin juin comme annoncé, malgré les caprices de la météo et les (mauvaises) surprises qui ont joué les troubles fêtes à mesure qu'avançait le chantier. Récit d'une mission accomplie sur le fil... du temps.


« Clairement, ce chantier n'avait rien de classique », murmure-t-on dans un soupir de soulagement du côté des Routes au moment de rouvrir officiellement la RD 480t conduisant au Gioberney, fin juin. Soulagement d'avoir tenu les délais annoncés. Soulagement de voir la saison touristique démarrer sans retard du côté des 5 refuges du secteur, un temps inaccessibles. Soulagement enfin que tout se soit bien passé, malgré des conditions de travail peu banales à plus de 2 000 m d'altitude. À ces hauteurs-là, c'est la montagne qui commande, faisant fi des contingences économiques locales. Bref, c'était « chaud », mais le Département n'a pas failli.
Rester dans le timing sans mettre les équipes en danger
Et l'affaire n'était pas mince : début janvier, un pan de montagne se décroche laissant derrière lui une brèche de 70 m de long sur 30 de large (cf notre édition mars 2023). En contrebas, la route entre le Gioberney et La Chapelle-en-Valgaudemar est ensevelie sur 350 m et complètement détruite sur près de 150. Premiers réflexes : sécuriser la zone, surveiller, analyser. Attendre que l'hiver blanc s'en retourne (la route est d'ailleurs fermée tous les ans de mi-novembre à fin avril).
À partir de mi-mars, des cordistes aguerris interviennent pour purger manuellement les blocs encore menaçants. Mais tout ne se passe pas comme initialement prévu : épisodes neigeux, pluies et orages intenses, ciel encombré empêchant l'accès (uniquement via hélicoptère) à leur zone de travaux, en l'occurrence la falaise.
Résultat une vingtaine de jours durant lesquels aucune intervention n'était possible. À ce moment précis, l'incertitude gagne quant à la réouverture en temps et en heure. De quoi donner quelques sueurs froides dans les refuges dont les carnets de réservations commencent à se remplir. La pression monte. Le leitmotiv pour le Département : rester dans le timing sans mettre les équipes en danger.
Fin mai, le Département tourne à son avantage les déconvenues météo : quand les cordistes n'ont d'autre option que de rester au sol, on en profite en bas pour déblayer la route. D'abord avec une pelle de petite envergure, puis un engin plus imposant.
Le 8 juin, les « purgeurs de l'extrême » mettent un terme à leur mission débutée le 20 mars dernier.
Fin juin, la ravine, qui s'est invitée dans le versant sans crier gare et propice à la formation de laves torrentielles en cas de trombes d'eau, est canalisée. La route refaite dans son intégralité laissant apparaître un revêtement flambant neuf.
Les touristes et Haut-Alpins peuvent désormais rallier le Gioberney par la route asphaltée. Les randonneurs ont de nouveau la chance d'user leurs semelles sur le GR 54, lui aussi concerné par l'éboulement.
Tout est bien qui finit bien. La surveillance restera tout de même en mode élevé, cet été. Et encore davantage du côté de la ravine, certes sécurisée pour le moment mais nécessitant des vérifications complémentaires. À suivre.