Les parents doivent-ils avoir peur des écrans ?
Enfants, quelle relation aux écrans ? Réponse avec Christian, médiateur numérique au sein de la Bibliothèque départementale.


« Tout est poison, rien n'est poison, c'est la dose qui fait le poison », disait déjà au XVe siècle le médecin, philosophe et alchimiste suisse Paracelse. Pour Christian médiateur numérique au sein de la Bibliothèque départementale, question écrans (enfin leur utilisation), c'est la même chose. Dans une autre vie, il animait des formations sur le sujet pour le compte du Comité départemental d'éducation pour la santé des Hautes-Alpes.
Alors oui, chaque enfant est différent, mais des consensus se dégagent. Le premier ? Jusqu'à 3 ans, les écrans, c'est vraiment pas indispensable. « À cet âge, ils ont besoin d'expérimenter leur environnement, de toucher, de sentir, de voir en 3 dimensions... », explique Christian. Période durant laquelle l'enfant se construit également par « mimétisme des adultes ». Avis aux accros du portable.
À partir de 3-4 ans, l'écran peut progressivement faire son entrée dans la vie des bouts de chou, sans jamais dépasser les 45 minutes par jour jusqu'à 10 ans. Et sous la vigilance d'un adulte, histoire de « les accompagner, leur poser des questions ». En bref, s'intéresser. Raison pour laquelle, les consoles, tablettes… c'est dans « les espaces communs », en aucun cas tout seul dans sa chambre.
Troubles alimentaires
Par ailleurs, on ne s'en rend souvent pas compte, mais les écrans, qu'il s'agisse d'un usage passif (regarder un film) ou actif (jouer à un jeu), sollicitent énormément le cerveau et donc contribue à le fatiguer. En mode surdose, l'enfant peut carrément devenir « apathique », met en garde le médiateur numérique.
D'où ce conseil (à garder en tête même pour les plus grands) : éviter au maximum les écrans en semaine et les bannir complètement deux heures avant que votre chérubin n'aille rejoindre Morphée. Idem le matin avant d'aller à l'école (risques accrus de troubles de l'apprentissage et du langage, selon une étude de Santé publique France).
Mais le moment de dire stop peut susciter quelques crispations, voire quelques cris et pleurs. L'astuce, faire coïncider cet instant avec la fin de la partie en cours ou le happy end du dessin animé en visionnage (ce qui demande aux parents de se renseigner un minimum). Et derrière proposer une autre activité en mode retour au calme. « Lors d'une partie de jeux vidéo l'enfant, ou même l'ado (voire l'adulte), est à fond et plein d'adrénaline. Un petit sas de décompression s'impose, le temps d'un goûter par exemple. »
Et oubliez le plateau TV : « Des études ont montré que manger sans regarder sa nourriture fait disparaître, ou du moins atténue, le sentiment de satiété », nous apprend Christian.
Alors bien sûr, tous ces conseils peuvent admettre quelques entorses, comme un long métrage en famille. Mais là aussi, il est important de nouer le dialogue une fois l'écran devenu noir.