En immersion avec les agents d'exploitation du réseau routier départemental
On les retrouve au volant de camionnettes estampillées « Département des Hautes-Alpes », sillonnant nos 2 000 km de route à l'affût du moindre désordre. Ou à bord des engins de déneigement durant l'hiver. C'est encore eux qui se chargent de redessiner les accotements, le printemps venu. Etc. Rencontre avec les agents d'exploitation de la route.


Saint-Bernard, couteaux suisses, vigies. Il est des poncifs qui leur hérissent le poil. Mais c'est un fait, les missions des agents d'exploitation de la route se conjuguent au pluriel. Pour une finalité, qui est toujours la même : la sécurisation de nos près de 2 000 km de route. Qu'ils soient basés dans les Centres techniques de Saint-Bonnet, La Grave ou Laragne, etc., leur métier est « dans 80 % des cas identique », confient-ils ici et là. Même si des spécificités se détachent d'un secteur à l'autre. Les chutes de neige sont, en effet, plus conséquentes dans le nord. Alors que dans le sud, le débroussaillage revêt une importance capitale, d'autant plus en période de sècheresse.
Direction le terrain. Tout près du pont des Madones, sur la RD 954, commune du Sauze-du-Lac. Le cri perçant d'une tronçonneuse rompt la quiétude des lieux. Entre les mains de Marc, agent d'exploitation du Centre technique de Savines-le-Lac, l'instrument scelle le sort de pins masquant la visibilité depuis la chaussée en sortie de virage. Avec son casque à visière surmonté de protection anti-bruit, on pourrait presque le confondre avec un agent de l'Office nationale des forêts, mais sous ses équipements de protection individuelle, son « uniforme » ne trompe pas : jaune fluo et bleu électrique. Couleurs qui ne doivent rien aux dernières tendances de la mode. Mais à la sécurité des quelques 140 agents d'exploitation qui arpentent nos routes et leurs alentours. Malgré tout, nombre d'automobilistes peinent à lever le pied à l'approche de chantiers.
Retour au Sauze. La tronçonneuse tourne à plein régime. En quelques minutes, l'arbre cède et s'effondre dans un craquement. Retenu par les cordes fermement tenues par deux collègues de Marc, David et Alain, le tronc est rapidement accroché au godet du tractopelle resté en surplomb. Aux manettes, Florian le hisse doucement, Marc en parade. David et Alain arrivent en renfort afin de déposer, tout en délicatesse, le résineux vaincu sur le bas-côté de la route. Il y finira débité en morceaux avant d'être évacué histoire de laisser place nette. « C'est bien ce que vous avez fait, on voit mieux », lance un usager de la route croisé au hasard.
Ce matin-là, deux arbres abdiqueront face aux agents qui ont eu maille à partir avec nombre de leurs congénères sur place, mais également avec ceux menaçant les ouvrages de protection de falaise érigés plus bas, toujours sur le RD 954.
De 8 heures à 19 heures
L'après-midi, Denis, Lionel et Patrick, du Centre technique d'Embrun, s'affairent sur la RD 40 à Saint-Sauveur. Entre décembre 2019 et mars 2022, un imposant glissement de terrain est survenu sur la route conduisant aux Orres. Depuis quelques mois, il semble s'être stabilisé, du moins en grande partie. Histoire de l'inciter à rester en place, 90 saules, bouleaux et cornouillers sanguins étaient en cours de plantation au moment de rédiger ces lignes. Une opération nécessitant plus qu'un claquement de doigts.
Pour creuser la terre gorgée d'eau par endroit, Lionel joue de la terrière. Patrick, armé d'une pelle marque les trous à la force des bras. Denis, lui, enchaine les allées et venues entre la pépinière et le site gravissant à chaque livraison un raidillon pour déposer les arbrisseaux au pied de leur nouvel habitat, la montagne.
Après cette séance de génie végétal, qui sort de leur quotidien, embarquement immédiat pour une patrouille de surveillance jusqu'à la station. Rouler au pas, pour repérer les bouteilles en verre, pierres et autres panneaux de signalisation défaillant. Si l'œil non-averti passe à côté de la plupart des obstacles, peu de choses échappent au radar des agents. Les arrêts sont fréquents. La courtoisie est, dans la grande majorité, au rendez-vous, à quelques exceptions près.
À cela doit être ajouté pêlemêle, le balayage des chaussées au début du printemps, le remplacement des panneaux de signalisation détériorés tout au long de l'année, la pose des jalons en hiver, le rebouchage des nids de poule, l'installation des panneaux Durance à vélo , le fauchage des accotements, le curage des fossés.... Le tout de 8 heures du matin (5 heures en période de viabilité hivernale) à 19 heures, tous les jours de la semaine, sans compter les astreintes le week-end. Bref, ça turbine du côté des routes.