Génie végétal, quand la nature s'invite dans les travaux du Département

Moins de béton. Plus de végétal. C'est le choix qui a été fait du côté de la Séveraisse afin de stabiliser l'une de ses berges à flanc de montagne. L'enjeu, sécuriser la RD 985A, en surplomb. Retour sur un exemple de génie végétal.

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Des pieux en bois. Un amas de branchages, de troncs, d'arbustes. Pour solidariser l'ensemble, un entremêlement de câbles métalliques, discret mais aussi redoutable qu'une toile d'araignée emprisonnant sa proie. Le tout accolé à flanc de montagne, au bord de la Séveraisse.

Si la rivière continue de grignoter la berge avec appétit, le glissement de terrain sera inévitable. « Nous sommes, en effet, face, à un risque de déstabilisation d'un bout du versant », confirme Pascal Krieg-Rabeski, technicien gestion cours d'eau. Une très mauvaise nouvelle pour la RD 985A, quelques dizaines de mètres en surplomb.

D'autant que personne n'ignore que le petit cours d'eau bucolique par grand soleil, est capable de déchaîner sa puissance destructrice en cas de crue, la dernière remontant à tout juste deux ans. Un phénomène régulier qui avait d'ailleurs conduit en 2008 le Département à sortir l'artillerie lourde, avec la construction d'un enrochement massif à deux pas de là. « Le problème de ce genre de solution de génie civil, outre un budget élevé (entre 2 et 3 M€), c'est que cela favorise la repousse d'espèces de végétaux exotiques qui déséquilibrent et nuisent fortement au milieu aquatique », explique Pascal.
Insuffler la vie à l'ouvrage

Après analyse de la situation, le génie végétal s'est imposé à Pascal comme une évidence. Et cerise sur le gâteau, qui dit génie végétal dit souvent facture à la baisse. En l'occurrence, 70 000 €.

Là, à fleur de montagne, trône désormais une berge végétale sur près de 110 m. En guise de structure principale, de fondation, une myriade de pieux en mélèze, ancrés à plusieurs mètres de profondeur sur deux rangées. Entre les deux, des troncs et autres embâcles récupérés sur site (bouleaux, frênes...). Mais aussi de nombreux saules de type arbustif, prélevés in situ. Le must pour freiner la course de l'eau, d'après l'agent expert des rivières, et donc stopper l'érosion prématurée.

Autre effet bénéfique, en cassant le débit de la Séveraisse, sera de favoriser le dépôt de sédiments. Sédiments indispensables pour que les saules puissent prendre racines sur leur nouveau support et ainsi stabiliser la berge. Car l'objectif est bien d'insuffler la vie à cet ouvrage de sécurisation pour en faire, par ailleurs, un habitat naturel propice au développement de la biodiversité.