Quand le Labo départemental arbitre le prix du lait
Qu’il soit de vache, de chèvre ou de brebis, le prix du lait des Hautes-Alpes, des Alpes du sud et d’une partie de l’Isère se joue entre les murs du Laboratoire départemental vétérinaire et d’hygiène alimentaire. Les analyses du précieux liquide, relevant de l’obligation pour l’industrie laitière, permettent d’en déterminer la qualité et donc le prix.


Ce que les techniciens du labo scrutent ? La quantité de matière « fromageable », la présence d’antibiotique (dont la plus infime trace est proscrite dans le lait français), la charge microbienne, les possible fraude par ajout d’eau et tout un tas d’autres critères émanant de l’interprofession et fixés par le Centre national de l’industrie et de l’économie laitière.
L’enjeu est de taille, le droit à l’erreur exclu : « les techniciennes ont entre leurs mains le fruit du travail des producteurs dont le paiement sera conditionné par leurs résultats », résume Pierre Bonnissol, chef du service Qualité agro-alimentaire.
150 000 analyses par an
Avec lui, « trois équivalents temps plein, appuyés par deux agents en suppléance », passent au crible 150 000 analyses par an.
Alors oui, ces chiffres sont loin de ceux de la Bretagne (championne toute catégorie en la matière), où l’activité est 20 fois supérieure. Toutefois, cette mission, auparavant assurée par la chambre d’agriculture, reste primordiale pour la filière haut-alpine.
Cette dernière, n’aurait peut-être pas pu se maintenir économiquement parlant si le Département* n’avait pas décidé de reprendre les rênes en 2009.
Haro sur les suspicions de connivence, « le laboratoire départemental, agréé par le ministère de l’Agriculture, est un arbitre indépendant », qui œuvre avec « technicité et probité », souligne Dominique Gauthier son directeur.
Le Labo pourrait, par ailleurs, apporter sa pierre à l’édifice laitier : « Les consommateurs sont de plus en plus regardants quant à la qualité nutritionnelle du lait, et de plus en plus sensibles au bien-être animal. Nous suivons de près les avancées de la recherche qui pourrait proposer des critères visant à savoir si l’animal est soumis au stress ou encore connaître la part d’herbe naturelle dans son alimentation. Ce dernier point pourrait intéresser la future AOP Bleu du Queyras. Nos alpages disposent, en effet, d’une richesse florale qui apporte une flaveur unique aux lait et fromages », confie Dominique. ☐
*Le Département prend en charge des coûts d’analyses des producteurs laitier à hauteur de 50 %