Réouverture des cols haut-alpins, c’est la météo qui commande !

Dès que les derniers flocons rendent les armes, les agents des routes relèvent leurs manches pour rendre aux usagers les cols et petites routes d’altitude : La Croix de Toulouse, le Galibier, L’Izoard, l’Ailefroide, le Noyer... Mais il arrive que la montagne et la météo en décident autrement, comme au col du Noyer à la mi-avril. Récit.

Voir l'image en grand

Début avril. Le thermomètre affiche des températures estivales. De quoi donner le sourire dans les Antennes techniques : tout semble bien parti pour respecter les délais prévisionnels établis quelques jours plus tôt. Jusqu’à ce retour d’hiver, mi-avril qui est venu rebattre les cartes et surtout piétiner le travail déjà accompli. En témoigne la décision de retarder l’ouverture du col du Noyer entre le Dévoluy et le Champsaur.


À quelques dizaines de mètres du refuge Napoléon, juché à plus de 1 660 mètres d’altitude, Xavier, chef d’équipe exploitation du Centre technique (CT) de Saint-Bonnet-en-Champsaur, et Pierre, chef d’équipe fonctionnel de l’Antenne technique (AT) de Saint-Bonnet, n’ont pas d’autre choix que de descendre de voiture. Impossible d’aller plus avant dans cette ambiance aux allures de Sibérie : un vent glacial, 10 cm de glace recouvrant le bitume, de la neige partout. « C’est pas possible là. C’est pas la peine de faire monter les gars demain (dont l’intervention de « fignolage » était initialement prévue le jour même, NDLR) ». Ici, c’est la nature qui commande. Et visiblement, elle n’a cure des dates d’ouverture prévisionnelles.

Repartir de zéro

Résultat ? « On va être obligés de repartir de zéro », se désole Victor, responsable de l’AT de Saint-Bonnet. Pourtant, trois jours auparavant, tout était presque terminé. « Vendredi, votre route était toute belle toute propre », compatit un promeneur en balade (à ses risques et périls) dans le col, croisé par Xavier et Pierre zigzagant entre les cailloux et les blocs de roche qui ne cessent de se décrocher des parois.

En montant, ils ont tenté d’en éliminer le plus possible, à la force des bras. « Il y en a presque autant que tout à l’heure », constatent impuissants les deux hommes, dont le combat (auquel se joignent les six agents du CT de Saint-Bonnet) n’est pas sans rappeler le mythe de Sisyphe.

« Un travail énorme pour être dans les temps »

Alors non, le col du Noyer n’a plus le même visage qu’au sortir de l’hiver. D’ailleurs, lors des premiers kilomètres en quittant le village du Noyer, on peine à croire que le refuge est encore inaccessible. Et pour cause, les agents du CT de Saint-Bonnet sont mobilisés depuis des semaines, abattant « en deux jours l’équivalent d’une semaine de travail. Ils ont fourni un boulot énorme pour être dans les temps », souligne Victor.

Début avril, la neige, encore très présente, a été déblayée au chargeur (espèce de tractopelle de 19 tonnes muni d’un impressionnant godet) durant une semaine. La suivante, les agents du CT de Saint-Bonnet, pelles et tronçonneuses en mains ,ont fait place nette, coupant les arbres qui n’ont pas résisté au poids de la neige et autres coulées aussi neigeuses que boueuses ; débarrassant la voie des blocs de roche rendus par des parois instables et encore fragiles. Une balayeuse (une saleuse déséquipée « viabilité hivernale » et équipée d’une brosse mécanique) était même passée.

Avant cela, les équipes avaient été réorganisées en urgence du fait du troisième confinement et le dispatching des engins entre les CT champsaurins modifié. Ne restaient plus que les finitions et un dernier coup de balai mécanisé. Bref, la réouverture semblait imminente.

Quand la météo décidera d’opter pour la clémence, les opérations reprendront, de nouveau. D’ici là, prudence oblige, le col restera fermé. Il ne rouvrira finalement que le vendredi 23 avril au soir, contre début avril, comme initialement envisagé. « S’adapter, s’adapter, s’adapter, telle est notre mission », concluent Xavier et Pierre qui, avec les agents du CT de Saint-Bonnet, continueront à rendre visite au col, au moins trois fois par semaine, prêts à intervenir en toutes circonstances.