Ponts, tunnels... le Département passe les ouvrages d’art au crible

La campagne de vérification des ouvrages d’art dont le Département a la charge bat son plein. Rendez-vous sur le terrain avec Éric Artaud, chef d’équipe travaux et référent ouvrages d’art pour l’Antenne technique de Saint-Bonnet-en-Champsaur.

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D’après le planning qu’il s’est concocté, Éric Artaud, chef d’équipe travaux et référent ouvrages d’art pour l’Antenne technique de Saint-Bonnet-en-Champsaur, a rendez-vous avec le pont du Moulin, sur la commune de La Motte-en-Champsaur. Pour commencer, Éric allume sa tablette et ouvre son application de travail. C’est là qu’il consignera de « façon détaillée et la plus précise possible » ses observations et les photos du pont construit dans les années 1940* qu’il prendra sous toutes les coutures.

En fin de visite, cette même application lui permettra d’établir une synthèse où figureront ses conclusions et préconisations de travaux, réalisés par la suite soit en régie, soit par une entreprise pour les plus lourds. Ces derniers seront arbitrés du côté de Saint-Louis, par Serge Eysseric, en charge de la gestion du patrimoine (dont il dispose une vue d’ensemble grâce aux PV de visites de terrain).

Météo fautrice de troubles

Pendant que sa tablette prend le temps de se réveiller, Éric chausse ses bottes (ou ses cuissardes si besoin de faire trempette pour analyser un point bien précis de l’ouvrage), se saisit de sa lampe torche (histoire de ne pas passer à côté d’une fissure cachée dans l’ombre). Et c’est partie.

Première chose à faire, localiser le « visité » du jour et entrer quelques données météo. La météo, véritable fautrice de troubles lorsqu’elle décide de ne pas être au beau fixe. En cas de chute de neige, impossible, en effet, de conduire une bonne visite, sans compter que la viabilité hivernale devient, alors, prioritaire.
Mais aujourd’hui l’astre solaire est du côté d’Éric qui s’approche du pont. Les imperfections lui sautent aux yeux en un rien de temps, question « d’expérience ».

Le toucher s’avère aussi très précieux lors des visites annuelles.

Menus travaux en régie

Depuis ses débuts en 2002, Éric a eu le temps de très bien faire connaissance avec les 102 ponts répartis sur l’ensemble du territoire de l’Antenne de Saint-Bonnet, qui n’ont, aujourd’hui, plus aucun secret pour lui. Chaque année, il en visite près de 34. À ce jour, ne lui reste plus que deux ponts à vérifier : « Hier, j’ai fait celui d’Archinard, à 1 498 m d’altitude. J’ai dû creuser des escaliers dans la neige pour accéder au bas du pont. Malgré tout, je n’ai pas pu contrôler l’ensemble de la structure, j’y retournerai dans quelques jours », raconte le spécialiste des ouvrages champsaurins également en charge de vérifier une quarantaine d’ouvrages de protection de falaise.

Au bout d’une bonne heure, le pont du Moulin a révélé toutes ses failles, de ses abords, à ses garde-corps, sans oublier ses fondations, le dessous de son tablier… Le moindre centimètre a été passé au crible. Verdict ? Bon pour le service.

Mais de menues interventions devront toutefois être prévues : élagage et débroussaillage en bonne et due forme, quelques reprises de fissures, débouchage des « gargouilles » (évacuations d’eau verticales), renouvellement de la peinture anti-corrosion des garde-corps métalliques. Ce qui l’inquiète un peu plus, une faiblesse sur la structure située en amont visant à renforcer l’ouvrage, le perré. « Les crues de cet automne ont emporté quelques pierres de taille, il faut intervenir rapidement. J’ai aussi repéré la présence d’humidité, c’est le pire ennemi d’un pont », précise Éric.

Aux beaux jours, il reprendra sa casquette de responsable du suivi de travaux réalisés en externe sur les routes de son secteur, en attendant de retrouver ses ponts dont il parle avec passion.

  • Vue d’ensemble sur le territoire
    Au total, le Département est en charge de la veille et de la bonne sécurité de 3 505 ouvrages d’art (972 ponts visités tous les 3 ans, 2 000 murs, 510 ouvrages de protection de falaises et 23 tunnels visités tous les ans). Sur le terrain, des référents spécifiques (un à deux par Antenne technique) se font les yeux de la collectivité lors de visites détaillées (complétées en fonction des besoins par des inspections détaillées périodiques réalisées en externe). « Le programme de visites est déterminé par les services d’ingénierie, en concertation avec les antennes », souligne Serge Eysseric, en charge de la gestion du patrimoine.