L’insertion sur le fil… d’Ariane

L’accompagnement des bénéficiaires du RSA est un enjeu majeur pour le Département, chef de file en matière de solidarités. Reportage aux Fils d’Ariane, l’une des 13 structures d’insertion par l’activité économique (SIAE), partenaire de la collectivité.

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Rue des Silos à Gap. Une petite arrière-cour jouxte le bâtiment aux façades claires de la Direction départementale des territoires. Là, se dresse un immeuble habillé d’imposantes fenêtres jalouses de ce qui se passe à l’intérieur. Entre ses murs, des femmes, pour une grande majorité, s’affairent au milieu d’une montagne de vêtements et de chaussures, rideaux et autres nappes sur le point d’embrasser leur deuxième vie. Bienvenue dans l’atelier gapençais des Fils d’Ariane, structure d’insertion par l’activité économique, partenaire du Département depuis plus de 10 ans.

« Voir progresser les personnes aidées »

Sous la houlette d’Antoinette et Coralie, encadrantes, Danielle, Huguette et 14 autres femmes traitent chaque année 800 tonnes de textiles récupérés via des points de collectes maillant le territoire. Chaque pièce est examinée deux fois. Tout est OK, direction les tables de tri. Chemisiers, jeans homme/femme, manteaux dames/messieurs... Là, les « défroisseuses » entrent en action. En fin de parcours, les vêtements sont soigneusement pliés dans des caisses qui rejoindront les points de vente des Fils d’Ariane. Même traitement pour les chaussures et le linge de maison. Les pièces moins nobles seront, quant à elles, acheminées par les 5 chauffeurs dans des centrales de tri spécifiques. Au total, près de 93 % des dons sont ainsi revalorisés. Pour que tout cela fonctionne, « nous nous adaptons à chacune des personnes aidées. Quand on les voit progresser, on se dit que notre action est utile », sourit Antoinette.

Reconversions, accidents de la vie, nouveaux départs, ici, pas une histoire ne se ressemble. Ce qui les réunit toutefois ? La volonté de renouer avec le monde du travail, de construire un projet professionnel et de s’envoler vers de nouveaux horizons. Pour les accompagner sur le chemin de l’insertion, parfois semé d’embuches (renouer avec le principe de règles, arriver à l’heure…) et de freins (mobilité, garde d’enfant…), ces hommes et femmes (elles représentent plus de 80 % des effectifs) peuvent compter sur Carole, conseillère emploi des Fils d’Ariane.

« Sur le chemin de l’indépendance »

C’est avec elle, qu’en parallèle de leur travail à l’atelier, les employés (contrats de 4 à 24 mois, renouvelables sous certaines conditions) concrétisent leur projet professionnel : « Nous prenons en compte leurs compétences, aspirations et centres d’intérêts, sans oublier leur environnement familial. Nous cherchons ensemble les moyens de lever les obstacles notamment en termes de logement. Nous leur proposons aussi des formations en corrélation avec leur projet pro. Nous les aidons également à mieux gérer leur budget quand cela est nécessaire », explique Carole.

Danielle, ancienne militaire et jeune maman d’un petit bout de 3 ans, a ainsi passé des qualifications et se verrait bien dans le monde du funéraire. Les Fils d’Ariane lui ont permis de s’adapter à sa « nouvelle situation. À l’armée, le fonctionnement est tel qu’on n’a pas besoin de se poser beaucoup de questions. On nous aide pour tout. Ici, j’ai pu réapprendre les choses concrètes de la vie », confie Danielle, sur le chemin de l’indépendance.

« L’an passé, nous avons suivi une dame qui était aide-soignante dans son ancienne vie. Après être tombée malade, ses revenus ont diminué, ce qui l’a conduite à tout perdre. Sa motivation était d’aider les autres. Elle a suivi une formation d’ambulancier et est toujours dans ce domaine », raconte Carole, heureuse de constater que son travail porte ses fruits. « Nous sommes régulièrement témoins de jolies histoires », se réjouit-elle sourire aux lèvres.

Les Fils d’Ariane dans les Hautes-Alpes

  • 90 points de collecte
  • 4 ateliers et 4 magasins basés à Gap, Briançon et Embrun
  • 48 personnes accompagnées, dont 23 bénéficiaires du RSA en 2019
  • 41 250 € de subvention départementale en 2020