En direct d’une saleuse sur les routes du département
Neige, vent, verglas, rien ne leur fait peur ! Depuis le début de la viabilité hivernale, les agents des routes veillent sur le réseau départemental, histoire de permettre aux Haut-Alpins de circuler en toute sécurité par tous les temps. Embarquement immédiat dans une saleuse de l’Antenne technique de Veynes.


Cinq heures du matin sur le parking de l’Antenne technique de Veynes. Dans la nuit noire et glaciale, les « gyros » orange de la saleuse ont des allures de phare sur les côtes. Au volant du mastodonte équipé de pneus cloutés, Christophe Girard, agent d’exploitation, et David Gonsolin, saisonnier. Au programme ? Salage pour éliminer l’ennemi du jour : le verglas.Leurs collègues, Éric Esposito et Éric Chaix, arriveront un peu plus tard, vers 6 h 45, pour compléter les effectifs du matin, sans se croiser Covid oblige.
Le moteur est maintenant bien chaud, en route pour la tournée quotidienne de 75 km entre Aspre-sur-Buëch, Serres, Montmaur, La Freissinouse… Christophe et David ont les yeux partout à la fois : sur la route mais aussi sur l’arrière et l’avant de la saleuse.
Lorsque les agents prennent place dans l’unité mixte (saleuse déneigeuse), les choses se corsent encore un peu plus, vu l’ampleur de la lame destinée à racler le bitume par temps neigeux : « Quand on croise une voiture, on est à peine à 10 cm, on n’a pas le droit à l’erreur ! », confie Christophe, ultra concentré. Imaginez la même scène sous une avalanche de flocons ou une marée blanche recouvrant le moindre point de repère… Dans ces conditions, le sang-froid est de mise, surtout lorsque la lame de déneigement vient buter sur un obstacle imprévu qui, la plupart du temps, se fait un malin plaisir à stopper net la machine dans un « tour d’aileron».
Engins bridés à 50 km/h
Heureusement, en général, les usagers se montrent reconnaissants et tentent de gêner le moins possible les manœuvres des agents. Enfin, quand ils y voient un bénéfice direct en pleine tempête blanche... « Peu de gens le savent, mais en configuration viabilité hivernale nos engins sont bridés à 50 km/h, explique Éric Esposito. Alors quand on ne déneige pas, les usagers ont du mal à comprendre pourquoi on roule à cette allure ». Les plus pressés peuvent d’ailleurs exprimer leur mécontentement de façon peu courtoise…
Pas de quoi écorner le sens du devoir des agents. Et si le remorquage d’une voiture en détresse n’est pas autorisé du point de vue des assureurs, il ne viendrait jamais à l’idée d’aucun d’entre eux de tracer leur route dans l’indifférence. « Être flexible et s’adapter » sont d’ailleurs leurs maîtres mots en période de viabilité hivernale. Une saison « plus usante pour les organismes », confie Éric Chaix.
D’autant plus quand la neige se met à tomber : pas d’autre choix que de prendre encore plus tôt et finir encore plus tard, tant pis pour les jours fériés, comme ce premier jour de 2021, qui a vu s’abattre d’impressionnantes quantités d’or blanc à des heures parfois indues. À cela s’ajoutent les horaires décalés qui varient d’une semaine à l’autre et qui malmènent les corps et le sommeil.
En cas de coup dur, les agents peuvent toutefois compter sur le soutien de trois déneigeurs volontaires, appelés en renfort une dizaine de fois depuis la mi-novembre.
Sept heures. Retour au bercail. RAS. Mais l’heure de rentrer à la maison n’a pas encore sonné. Direction la zone d’activité du Boutariq, à Veynes, pour rejoindre la plateforme de stockage, notamment de sel et de gravier de l’Antenne technique veynoise.
À coup de tractopelle, les cuves de la saleuse et de l’unité mixte (d’une capacité de 3 tonnes chacune) sont remplies à ras-bord. Depuis le début de la saison, le Centre technique de Veynes a réparti 75 tonnes de sel et 34 de gravier sur son secteur. Et ce n’est pas terminé !